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Le Carnaval de P-au-P: rien que le spectre de ce que c’était

Autant que je m’en souvienne le carnaval est un moment qui favorise le défoulement, c’est une période où on peut se défaire de l’enveloppe de crispation imposée par son statut social pour être quelqu’un d’autre rien que le temps des festivités exactement comme l’exige le principe du “carni levare”.

Quoi de plus agréable pour un carnavalier que de pouvoir se mélanger à d’autres dans un tourbillon de plaisir, dans une atmosphère qui transcende les différences sociales, et les divergences politiques. Se retrouver dans une ambiance où le critère des apparences est délibérément mis entre parenthèses.

Il n’y a pas trop longtemps le carnaval dans le pays savait répondre à cette aspiration, néanmoins depuis ces six (6) ou sept (7) dernières années le carnaval produit un effet nettement contraire dans le statu quo. Le temps ou on assimilait le carnaval au plus grand rendez-vous culturel est définitivement révolu au grand dam des ayitiens qui en raffolaient. On dirait que la culture ne veut plus rien dire parcequ’elle ne plane
plus au dessus de tous les problèmes à l’origine des différentes crises et crisettes qui sévissent dans le pays. Tout le monde devrait se mettre d’accord sur la nécessité de donner sa chance à la culture en lui permettant d’avoir acces à son espace de promotion et de valorisation: le carnaval. A contrario l’organisation d’un évènement aussi important pour notre culture est utilisé, avec la pire bassesse, comme levier politique par l’un ou par l’autre.

Je ne me rappele plus depuis quand le pays était unanime pour l’organisation des féstivités carnavalesques. Les différentes éditions minablement réalisées dans l’intervalle ont toujours coincidé avec des mouvements de protestation populaire. Dans un tel contexte, le déroulement du carnaval apporte de plus en plus de nostalgie et de ressentiment. L’amoureux de cet évenement a la tristesse de constater que ce dernier n’est plus que le spectre de ce que ç’etait. Habitué à l’enthousiasme, à la grandiloquence, et à la promptitude qui caractérisaient cette fête dans le temps, le traditionel carnavalier est sans doute hyper angoissé, hanté par l’idée que le carnaval ne puisse plus jamais se tenir suivant sa formule normale. Ce ne serait pas exageré de dire qu’il n’y a pas moyen de se défouler devant une telle perspective, il y a plus matière à frustration au contraire.

L’organisation générale en ce qui concerne les dernières éditions est réduite en peau de chagrin, les propositions de spectacle sont de plus en plus nulles, les acteurs montrent de moins en moins d’intérêt. Si avant la dimension culturo-traditionelle contribuaient à faire du carnaval un rendez-vous important, dans l’état actuel des choses, seul l’aspect pécunier sert de socle à l’évènement. Et encore est ce que cela vaut le coup? Question qui a tout son sens quand on sait que le budget y relatif est aussi de plus en plus ridicule.

Tom Kensley Marcel

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