Dislocation de « Djapòt » : l’expression d’un mauvais sort réccurent dans la HMI
Aussi loin qu’on puisse remonter dans l’histoire de la musique ayitienne, le succès a toujours été la plus fréquente cause de dissolution des formations musicales. Curieusement, le succès est un violent poison pour la longévité des groupes, quand ça marche bien sur le plan de l’estime du public et sur le plan commercial, le spectre de l’implosion, du « koupe fache », rode déjà autour.
L’âme superstitieuse dirait qu’il s’agirait d’un mauvais sort dont la HMI est frappée. Quand on sait toute la loucherie, les dérives, l’ignominie… que cette dernière traîne dans son sillage, on serait facilement tenter d’y voir une vraisemblance. Néanmoins, il faut croire que la cause est fondamentalement plus rationnelle que ça, il faudra aller la chercher dans l’anthropologie, sans vouloir diagnostiquer inopportunément. Traditionellement, on est plus enclin à passer des alliances, à se serrer les coudes pour se battre contre le malheur, mais quand est venu le temps de recolter ensemble les lauriers chacun veut revendiquer l’exclusivité de la voie par où la victoire est arrivée. Naturellement, le conflit s’en suit et après lui l’implosion pure et simple. Et l’égoïsme qui prévaut au sein de la pseudo industrie prête le flanc à ce genre d’issue.
La malédiction n’a pas été rompue avec la jeune formation musicale « Djapòt » qui a confirmé les pronostics à ce niveau en se dissolvant au grand dam des fans à la suite d’un conflit subséquent à son succès. Désormais, on parle de Djapòt et de Djapòt band : résultat d’un éclatement qui découle d’une bataille d’égos entre deux mâles alpha qui visiblement ont voulu savoir qui avait la plus grosse paire… Pédro Force est parti de son côté avec Djapòt Band qui recherche un maestro et Jolicoeur… part du sien avec Djapòt en quête d’un nouveau chanteur. Ridicule spectacle! Et dire que Djapòt avait commencé à prendre, tant bien que mal, sa place dans le décor grâce à quelques tubes fébriles qui titubent à l’image de l’industrie. Mais bon, l’individualisme destructeur l’a emporté.
D’aucuns diront peut-être que la dissolution d’un groupe à au moins le mérite de favoriser la création de nouveaux. Absolument vrai sur le plan de la population. Mais sur le plan de la qualité dans l’offre est-ce que ça apporte vraiment plus ? Pas sûr. À titre d’exemple évoquons Vayb et Kaï, deux dérivés de CARIMI qui, dans leur parcours respectif, n’arriveront peut-être jamais à réaliser la moitié de ce que CARIMI a pu accomplir. En outre à quoi ça sert que de nouveaux groupes se créent à la faveur d’éclatement si c’est pour se désintégrer à leur tour. L’exemple de Djakout est assez illustratif. Cassé en deux, Djakout Mizik d’une part et Djakout number one de l’autre, le premier n’existe définitivement plus et le second est au bord de l’annihilation.
Ô crétinisme, ô égoïsme quand vous tenez la HMI ! Quand est-ce que les exemples de Tropicana, Septentrionale et Tabou Combo seront suivis pour que le sort anti-longévité puisse être rompu au sein de cet Horrible Machin Inutile.
Tom Kensley Marcel