” Saw ko wè”: Fantom BC, le dernier des Mohicans
« Ba li boulllva !!! » aurait dit Maurice Sixto même après une seule écoute du dernier son de Fantom titré « Sa w ko wè » parce qu’il aurait eu l’impression d’assister à une fessée infligée dans les règles de l’Art. De l’Art, oui incontestablement il y en à chaque décibel qui s’échappe de ce morceau. De l’Art en terme de technique pour lâcher des rimes et aussi en terme de traitement de sujet. Sur ce son, Fantom veut indubitablement réaffirmer sa suprématie dans le rap ayitien et clore le débat pour savoir s’il aura ou non sa place dans le panthéon parmi les grands de cette tendance.
À l’évidence, la nouvelle génération est ciblée par cette leçon de chose portant la signature de Nèg kò vè a. Constatant les dérives que cette géneration est en train d’apporter dans le millieu, il intervient en bon gardien de la formule du flow sacré pour y restaurer l’ordre. À un moment où la population des défenseurs du vrai et pur rap se décime fatalement, celui qu’on surnomme à raison « papa rap la » s’interpose comme le dernier des Mohicans, le dernier rempart entre cette ultime étincelle de perfection qu’abrite cette musique et la médiocrité tentaculaire des pseudos dieux et pseudos kings.
Avec ce son titré « Sa w ko wè », l’artiste ne fait point dans la fausse modestie en précisant qu’il n’est qu’à 1/16 de sa capacité. Ce son de 3:16 est une guillotine utilisée par Fantom pour couper des têtes d’affiche bien fébriles. Un flow du tonnerre qui fluctue toutes les deux mesures, un instru qui a du tempérament avec une basse omniprésente, ce futur tube est un feu STOP allumé pour calmer l’ardeur des rois autoproclamés.
En faisant un clin d’oeil honorifique à deux groupes légendaires de la chanson ayitienne dans les années 70, en l’occurence Bossa Combo à travers le “bridge” (Hello boss la, hello hello hello boss la) et Les frères Dejean dans le refrain (sa w ko wè la a), Fantom donne une leçon de probité au petit valet de la reine Anacaona qui plagie sans scrupule. Le vétéran quadragénaire montre du coup que la différence est nette entre un bon et authentique MC et un rappeur tendance.
Tom kensley Marcel