Sandro et Yani Martelly aux prises avec une malédiction familiale
Je pensais autrefois que l’Art était à l’abri des effets néfastes de la politique, c’est-à-dire que cette dernière n’avait aucun pouvoir pour entraver l’essor de l’art. De ce point de vue, j’ai été déchanté. Allusion est faite ici aux fils de l’ancien président de la République, Michel Joseph Martelly, en l’occurrence Sandro et Yanni Martelly deux jeunes artistes talentueux; au fait que leur père constitue un obstacle à l’expansion de leur carrière musicale et artistique en raison du lourd passif qu’il a cumulé pendant son passage à la magistrature suprême de l’État.
En grande partie, le public qui consomme la musique voit dans le duo sandro/yani l’expression de la cause de sa peine, sa douleur résultant de la mauvaise gouvernance du père. La production musicale de ces jeunes artistes, plutôt que de provoquer l’euphorie et la satisfaction, suscite plutôt le ressentiment chez les amateurs de musique. Leur image rappelle d’une certaine manière toutes les mauvaises choses qui ont contribué à rendre le pays invivable à l’heure actuelle. À chaque fois qu’on écoute une chanson de ces jeunes, on a davantage tendance à penser aux torts causés par leur père qu’à la valeur de l’œuvre elle-même. Oui, c’est de cela qu’il s’agit, n’importe qui pourrait faire l’expérience… toute hypocrisie mise à part. Je crois qu’il y a des gens qui ont la capacité de faire le dépassement en dissociant ce qu’évoque le père de ce qu’évoque ses fils eux-mêmes, mais vous en conviendrez que ce n’est pas évident.
Ce que je dis peut toujours être relatif, mais il n’en demeure pas moins que ces jeunes ont suffisamment de talent pour mériter une meilleure place, ne serait-ce que dans l’industrie musicale haïtienne(HMI). On a l’impression qu’ils stagnent malgré les succès dont ils sont les auteurs. En somme, ils sont assez forts pour être parmi les jeunes qui dominent le marché musical haïtien, mais malheureusement, ce n’est pas ce que l’on constate. En dépit du fait qu’ils bénéficient des opportunités créées par leur père au sein de l’industrie musicale haïtienne, cela ne les empêche pas d’être relégués à la seconde zone.
Il y a quelques années, ils ont décidé de s’établir à l’étranger en quête d’autres marchés en l’occurrence le marché francophone. Malheureusement, rien n’a fonctionné. Comme le monde semble être trop restreint pour ces artistes, ils feraient peut-être mieux d’aller s’installer sur Mars!!! Trêve de plaisanterie.
En matière de talent, la pomme n’est pas tombée si loin du pommier, c’est peut être même l’un des rares cas, sinon le seul, où c’est la proximité des pommes par rapport au pommier qui les rendent non comestibles. Parmi les artistes dont les pères étaient déjà dans le milieu musical haïtien et qui ont aussi réussi on peut citer le cas d’Arly, qui est le fils de Daniel Larivière, et T Ansyto, qui est le fils d’Ansyto Mercier. Même Master Brain a réussi à se faire un nom dans le milieu grâce au réseau de son père, “Elpozo”. Sandro et Yani Martelly ont toutes les peines du monde à être acceptés convenablement dans la HMI, alors que leur talent naturel devrait en toute logique les propulser très loin. Leur talent n’est pas à démontrer, et quiconque ayant un minimum de bon sens pourrait s’en apercevoir. Prenons par exemple les frères Martino et la place qu’ils occupent dans la HMI. Ils en doivent beaucoup à la presse spécialisée grâce à laquelle ils sont devenus des mastodontes. Mais Roberto et Reynaldo, dans leurs débuts, n’avaient même pas la moitié du génie des frères Martelly. Si les jeunes Martelly ne sont pas au sommet de la HMI aujourd’hui ce n’est pas faute de talent mais à cause d’une malédiction familiale qui les plombe.
Negr’Orangé